Satârâ veut dire “avec des trous” (sa avec, târâ trou). Aujourd'hui, sous l’influence de la radio pakistanaise de Karachi, le terme algôjâ s’est beaucoup répandu chez les musiciens pour désigner à tort la satârâ. En effet, la double flûte à cinq trous algôjâ du Sind et du Punjab est différente de la satârâ car chaque tuyau a une fonction mélodique au même titre que la double flûte pâvo du Gujârat. La technique de jeu consiste à utiliser en alternance seulement trois doigts par tuyau, qui couvre chacun un registre différent.

La satârâ possède un seul tuyau mélodique de douze trous, divisé en deux parties de six trous, chacune destinée à une des deux mains, l’une d’elle se plaçant de manière à pouvoir aussi tenir l’autre tuyau destiné au bourdon sans en boucher les trous. Ces derniers sont plus ou moins fermés avec de la cire selon la tonalité choisie. Quelle que soit la facture de cette double flûte, l’instrumentiste utilise la technique de souffle continu (nâksâsî).

La satârâ appartient originellement aux communautés pastorales du désert du Thar partagé entre l’Inde et le Pakistan. Cependant, les bergers limitent leur jeu à quelques altérations et quelques motifs types dans un contexte purement instrumental. La notion de composition et d’improvisation sera l’effet des musiciens professionnels langas qui s’approprieront plus tard l’instrument et créeront pour lui un répertoire calqué sur l’art vocal du Râjasthan". Alain Weber